VIVA LA VIDA

Post N° 125


Quando il cielo basso e greve pesa come un coperchio Sullo spirito che geme in preda a lunghi affanni, E versa abbracciando l'intero giro dell'orizzonte Una luce diurna più triste della notte; Quando la terra è trasformata in umida prigione, Dove come un pipistrello la Speranza Batte contro i muri con la sua timida ala Picchiando la testa sui soffitti marcescenti; Quando la pioggia distendendo le sue immense strisce Imita le sbarre di un grande carcere Ed un popolo muto di infami ragni Tende le sue reti in fondo ai nostri cervelli, Improvvisamente delle campane sbattono con furia E lanciano verso il cielo un urlo orrendo Simili a spiriti vaganti senza patria Che si mettono a gemere ostinati E lunghi trasporti funebri senza tamburi, senza bande Sfilano lentamente nella mia anima vinta; la Speranza Piange e l'atroce angoscia dispotica Pianta sul mio cranio chinato il suo nero vessillo.                                        [Charles Baudelaire "Spleen"]Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercleSur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrément. - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.                                    [Charles Baudelaire "Spleen"]