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WONDERFUL ... ALICE !


 Accolto con "riserva " dalla critica, l'ultima fatica di Burton  è una lettura intelligente dell'opera di Carroll, e sa coglierne tutto lo spessore psicanalitico. Lontano anni luce dalla versione animata  della Disney che  descrive i vari incontri di Alice e risentendo dell'assenza di una  vera struttura narrativa non "cattura" emotivamente.Quella di Burton è una interessante trasposizione cinematografica che non mette tutti d'accordo ma che stimola  fruttuose riflessioni. Un Film "incantevole" come lo ha definito Jean luc Douin su "Le monde" che ricorda quanto scriveva lo psicanalista Jaques Lacan di Carroll " non si attraversano  che  porte della propria taglia" e aggiunge che  “ Tim Burton è sufficientemente grande o sufficientemente piccolo per penetrare nel mondo meraviglioso di Alice. Il suo film è incantevole". Indubbiamente Burton, che ai suoi esordi aveva già lavorato con la Disney, ha usato una chiave di lettura personalissima attingendo alle sue doti creative e ai topoi del suo universo artistico nel "leggere" la storia di Alice  e dell’universo celato dietro lo specchio, ma questa è la cifra stilistica della creatività che distingue la genialità di un Autore. Il risultato è una Alice di grande fascino e spessore  che ci prende per mano e ci porta nel sottomondo delle nostre paure, nelle profondità della nostra spesso inconosciuta fantasia e sembra dirci che forse il cuore è tutto e che occorre il coraggio di attraversare le sue ferite, i suoi campi di battaglia,  di accettare le sue fragilità, perchè per dirla con Lacan "da un malessere può derivare una gioia singolare” come l’Alice burtiana e le sue meraviglie. Wonderful Alice!Felice visione! Felici meraviglie!M Cristina Lucchetta-----------------------------------------------------------------------------"Alice au pays des merveilles" : un conte enchanteur sur l'identité, à voir absolument en reliefdi Jean-Luc Douin Le Monde"Come diceva lo psicanalista Jaques Lacan di Carrol " non si attraversa mai che una porta della propria taglia". Il regista Tim Burton è sufficientemente grande o sufficientemente piccolo per penetrare nel mondo meraviglioso di Alice. Il suo film è incantevole.(...) I più pignoli non gli perdonano di aver usato la proria chiave di lettura (...) ma si può rimproverare ad un artista  e alle sue doti creative di adattare un  lavoro, seppur famoso, dandogli i colori del proprio universo artistico? Non si dispiaccia Charles Lutwidge Dogson (vero nome di Carrol).(...) Tim Burton che ai suoi esordi aveva già lavorato per la Disney, rilegge la storia di  Alice attraverso i suoi occhiali, le sue lenti.."Jean  Luc Douin, Le Monde, 24 marzo 2010Comme le disait le psychanalyste Jacques Lacan, féru de Lewis Carroll : "On ne franchit jamais qu'une porte à sa taille." Le cinéaste Tim Burton est suffisamment grand, ou petit, pour pénétrer dans le monde merveilleux d'Alice. Son film est enchanteur. Les plus pointilleux lui reprocheront d'avoir utilisé sa propre clé, plutôt que celle que lui tendait l'écrivain britannique. Mais peut-on reprocher à un créateur d'adapter une oeuvre, fût-elle célèbre, en lui donnant les couleurs de son propre univers ?N'en déplaise au fameux Charles Lutwidge Dodgson (vrai nom de Carroll), et foin de la mythologie entretenue par cet amateur de petites filles, l'Alice de Tim Burton a 19 ans. La prudence n'est pas son fort. Elle ne pleure pas à tout bout de champ et se moque d'avoir froissé quiconque. On veut la marier au fils dégénéré d'un lord. Elle prend la poudre d'escampette en se laissant tomber au fond d'un terrier à lapin. Le monde souterrain qu'elle découvre n'est pas Wonderland, mais Underland, après avoir avalé une fiole de ce poison qui pourrait être une drogue hallucinogène.Patchwork des deux livres emblématiques de Carroll (Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir), le film enrôle leur faune fantastique, leur langage facétieux à base de non-sens et de mots-valises (deux vocables compressés en un seul), la quête de l'héroïne. Rêve-t-elle ou pervertit-elle une société adulte dans laquelle elle ne trouve pas sa place ? Alice retrouve des personnages rencontrés treize ans plus tôt, mais dont elle n'a gardé aucun souvenir.L'une des questions soulevées par ce conte, un rien trop effrayant pour y emmener les petits, est celle de l'identité. Le "Qui suis-je ?" d'une Alice qui, de chutes en tunnels et couloirs symbolisant la naissance, s'interroge sur son nom, son âge et sa dimension, est relayé par la perplexité de ses compagnons : "Ce n'est pas la vraie Alice !", affirment-ils, non sans clin d'oeil au spectateur.C'est la même, et ce n'est pas la même, car Alice affecte d'être jeune fille de bonne famille et paria, comme son créateur (Dodgson et Carroll), comme les jumeaux Tweedles, les deux Reines, ou la Chenille, qui se transforme en papillon. Chenille fumeuse d'opium dont la disparition illustre la mort d'une figure paternelle incarnant sagesse et protection.A 6 ans, la gamine demandait à son père si ses songes étaient un signe de folie. Elle se rassure aujourd'hui : "C'est un rêve, il ne peut donc rien m'arriver !" Rien de pire, en tout cas, que ce qui la guette dans les allées du parc victorien, peuplé de nobles poudrés et puritains.L'une des plus belles réussites du film, collage d'acteurs et d'images de synthèse - qu'il faut absolument voir en 3D -, est la figuration du fameux Chat du Cheshire, symbole de l'impalpable en ce qu'il apparaît et disparaît, symptôme d'un esprit vagabond, félin au masque impénétrable doté d'un sourire insolent, si peu dévot, refusant de baisser les yeux devant le pouvoir.Tim Burton, qui travailla déjà pour Disney à ses débuts, observe l'histoire d'Alice à travers ses lunettes. Lui, qu'on classa "enfant bizarre", s'est avéré adepte des êtres irradiant d'enfance dans un corps de grande personne, du lunaire Pee-Wee à l'insoumis Edward aux mains d'argent. Le Chat psychotique était là dans Batman Returns, via Catwoman. Quant au Chapelier fou (Johnnie Depp), il peut être vu comme une réincarnation du Pingouin de Batman Returns, ou du Willie Wonka de Charlie et la chocolaterie.Célèbre réplique du livre de Carroll, le "Qu'on lui tranche la tête !" de la Reine hystérique surgit comme un clin d'oeil au Cavalier sans tête de Sleepy Hollow, où une sorcière s'acharne à décapiter tout le monde. Dans Mars Attacks ou Big Fish, les crânes humains voltigent aussi...La Reine rouge (Helena Bonham Carter) a la grosse tête. Dépeinte comme une monarque élisabéthaine, soeur Boleyn arborant le portrait d'Henry VIII en arrière-plan, ce despotique personnage copie les mines de Bette Davis. La Reine blanche (Anne Hathaway) est une punk pacifiste jaillie d'un campus, avec clin d'oeil à David Bowie. Johnny Depp, tignasse d'un orange flamboyant et pupilles vert électrique, assure que son Chapelier arbore les stigmates d'un homme empoisonné au mercure.Un rien psychédélique, l'émerveillement visuel puise ses références chez les symbolistes, byzantins, et illustrateurs anglais de l'heroic fantasy.Hitchcock serait fier de Tim Burton, qui a réussi ses méchants, dont deux monstres homériques : le bouledogue enragé, borgne, baveux et puant, nommé Bundersnatch ; le Jabberwocky, dragon dont Alice doit débarrasser l'Underland. Ce combat entre l'innocence et le paganisme doit avoir lieu "le jour Frabieux". Combat macabre et gothique tel que les affectionne Tim Burton. Citons encore Lacan sur Carroll : "Du malaise découle une joie singulière."Da Le Monde, 24 marzo 2010