Utopia 2007

BIJI SEROK APO

A l'occasion de l'anniversaire de M. Abdullah Ocalan qui aura 60 ans le 4 avril 2009, nous publions le discours fraternel prononcé par Monseigneur Gaillot le 14 février à Strasbourg. Monseigneur Gaillot s'adressait à 40 000 Kurdes venus protester contre l'emprisonnement de M. Ocalan sur l'Ile d'Imrali en Turquie où il est le seul détenu depuis 10 ans après avoir été enlevé le 15 février 1999 au Kénya.Ocalan mon frère, C’est toi qui nous rassembles aujourd’hui.Qui pourrait nous rassembler en dehors de toi ?C’est pour toi que nous sommes ici.10 ans !…10 ans de séparation, de souffrances et d’épreuves.Mais tu as su garder ta dignité.Malgré les mauvais traitements, personne n’a pu prendre ta dignité.La dignité fait partie de toi. Elle t’appartient. Ocalan mon frère, Par milliers et par milliers, nous sommes arrivés à Strasbourg.Cette foule immense est venue te manifester son attachement.Des bras se lèvent dressant ton portrait qui nous est si familier.Il suffit que ton nom soit prononcé pour que les cœurs s’enflamment et qu’une grande clameur jaillisse.La rumeur de ton peuple à la dignité rebelle, gagnera l’île Imrali,et nos chants de victoire traverseront les murs épais de ta prison. 10 ans !... 10 ans d’attente, de luttes, de rassemblements.Le temps n’a pu effacer notre mémoire.Les jeunes enfants ne t’ont connu qu’en prison.Mais ton visage leur est familier et ton nom sur leurs lèvres.Ils font le rêve de pouvoir te libérer un jour. Ocalan mon frère, Nous ne t’avons pas oublié.Tu fais partie de notre âme et de notre chair.Tu es dans nos cœurs.Si tu es maltraité, nous sommes blessésSi tu es humilié, nous souffrons avec toi.Si tu es menacé, nous avons peur pour toi.Ta terrible solitude nous est insupportable. 10 ans!... Cà suffit !Pas de paix sans liberté. Sans amélioration des conditions de vie d’Ocalan.Avec Ocalan nous demandons que cesse le bruit des armes,qu’un cessez le feu soit proclamé,qu’une trêve durable soit décidée. Donnons une chance à la paixLa paix c’est aussi notre affaire.Nous sommes tous concernés, y compris les enfants.La paix a besoin d’être portée par les enfants.Les enfants ont droit à la paix.Trop souvent, ils sont les oubliés des guerres.La paix n’est pas réservée aux responsables politiques, aux experts, aux instances de la communauté internationale.C’est notre responsabilité citoyenne.Nous savons le rôle important que joue l’opinion des peuples.Quelque chose est à faire pour la paix.Refusons la fatalité de la guerre.Il y a d’autres armes que les armes.L’expérience nous append que les violences n’ouvrent pas les portes de l’avenir.Se résoudre à la guerre est déjà un échec.Il est plus facile de faire la guerre que de faire la paix.La guerre en Irak n’aurait pas dû avoir lieu,Celle de Gaza non plus.Après tant de violences et de victimes, comme il est long à retrouver le chemin de la paix ! Pratiquons la justice Il n’y a pas de paix sans justice.C’est la justice qui crée la paix.Une injustice n’est jamais une condition de paix.Et il y a tant d’injustices autour de nous !Chaque fois qu’on laisse s’installer une injustice, on prépare les révoltes et les conflits. Détruisons les murs Avez-vous remarqué cette contagion des murs dans le monde ?Des murs qui séparent des peuples et les empêchent de circuler.Mur entre Israéliens et Palestiniens,Mur entre Américains et Mexicains,Mur entre Espagnols et Africains… Pas de peuples entre les murs,Pas de murs entre les peuples. Nous sommes faits pour circuler et vivre ensemble.La planète appartient à la famille humaine.On ne fait pas la paix avec du béton et des barbelés qui emprisonnent les gens. Un être humain n’est pas fait pour connaître l’isolement total.Ce que vit Ocalan dans l’île Imrali est scandaleux.Un être humain est fait pour être en relation avec les autres, et vivre avec eux. Communiquer, c’est vivre.10 ans…çà suffit ! Il y a le mur de l’argent qui sépare les pauvres des riches.Ce sont deux mondes qui ne se rencontrent pas.Il y a de mur de la haine entre des ethnies ou des peuples qui ont connu des génocides ou des guerres fratricides.Il y a le mur de la méfiance entres des familles, des communautés ou des peuples. Il y a le mur de l’indifférence qui fait que l’on s’ignore. Les autres ne nous intéressent pas. Ils n’ont rien à nous dire.Il y a le mur de l’oubli qui fait tomber une chape de plomb sur l’histoire de notre peuple. Quand on refuse le passé, on s’interdit l’avenir. En faisant des brèches à tous ces murs qui nous entourent, nous travaillerons à la paix.Les murs sont faits pour être détruits. Comme celui de Berlin.Demain est à faire.Vive Ocalan ! Jacques GaillotEvêque de ParteniaStrasbourg 14 février 2009