L’amante di Saint-Loup (Rachel quand du Seigneur)

A un tratto, Saint-Loup apparve in compagnia della sua amante, e in quella donna che era per lui tutto l’amore, tutte le possibili dolcezze della vita, la cui personalità, misteriosamente racchiusa in un corpo come in un Tabernacolo, era poi l’oggetto sul quale la fantasia del mio amico lavorava senza posa sentendo che non ne avrebbe mai raggiunto la conoscenza, in quella donna ch’egli incessantemente si chiedeva chi fosse davvero dietro il velo degli sguardi e della carne, io riconobbi all’istante “Rachel quand du Seigneur“, colei che solo pochi anni prima (così rapidamente le donne cambiano condizione in quel mondo, quando la cambiano), diceva alla tenutaria: “Allora, domani sera, se avete bisogno di me per qualcuno, mandatemi a chiamare”.

[…]

Quel viso, con i suoi sguardi, i suoi sorrisi, i movimenti della sua bocca, io l’avevo conosciuto dal di fuori come quello di una donna qualsiasi, disposta, per venti franchi, a fare tutto ciò che volessi. Così, quegli sguardi, quei sorrisi, i movimenti di quella bocca, m’era parso che esprimessero soltanto azioni generali, che non avessero niente di individuale, né mi sarebbe mai venuta la curiosità di cercare, sotto la loro superficie una persona. Ma ciò che a me, in qualche modo, era stato offerto in partenza, quel viso consenziente, per Robert era stato un punto d’arrivo, verso il quale s’era mosso attraverso una quantità di speranze, di dubbi, di sospetti, di sogni. Sì, egli aveva speso più di un milione per avere, perché non fossero altri ad avere, ciò che a me, come a tutti, era stato offerto per venti franchi.

M. Proust, La parte di Guermantes I

Traduzione di G. Raboni per i Meridiani Mondadori

French nobleman Comte Paul Ernest Boniface de Castellane , known as... News  Photo - Getty Images

Paul Ernest Boniface de CastellaneMarquis de Castellane, modello per il marchese di Saint-Loup

Originale:

Tout à coup, Saint-Loup apparut, accompagné de sa maîtresse, et alors, dans cette femme qui était pour lui tout l’amour, toutes les douceurs possibles de la vie, dont la personnalité, mystérieusement enfermée dans un corps comme dans un Tabernacle, était l’objet encore sur lequel travaillait sans cesse l’imagination de mon ami, qu’il sentait qu’il ne connaîtrait jamais, dont il se demandait perpétuellement ce qu’elle était en elle-même, derrière le voile des regards et de la chair, dans cette femme je reconnus à l’instant « Rachel quand du Seigneur », celle qui, il y a quelques années – les femmes changent si vite de situation dans ce monde-là, quand elles en changent – disait à la maquerelle : « Alors, demain soir, si vous avez besoin de moi pour quelqu’un, vous me ferez chercher. »

[…]

Ce visage, avec ses regards, ses sourires, les mouvements de sa bouche, moi je l’avais connu du dehors comme étant celui d’une femme quelconque qui pour vingt francs ferait tout ce que je voudrais. Aussi les regards, les sourires, les mouvements de bouche m’avaient paru seulement significatifs d’actes généraux, sans rien d’individuel, et sous eux je n’aurais pas eu la curiosité de chercher une personne. Mais ce qui m’avait en quelque sorte été offert au départ, ce visage consentant, ç’avait été pour Robert un point d’arrivée vers lequel il s’était dirigé à travers combien d’espoirs, de doutes, de soupçons, de rêves. Il donnait plus d’un million pour avoir, pour que ne fût pas offert à d’autres ce qui m’avait été offert comme à chacun pour vingt francs.