La vita intellettuale

La parte di Méséglise e la parte di Guermantes restano in tal modo legate, per me, a tanti piccoli avvenimenti di quella che fra tutte le diverse vite parallele che noi viviamo è la più piena di peripezie, la più ricca di episodi, voglio dire la vita intellettuale. Certo questa vita progredisce insensibilmente dentro di noi, e delle verità che ai nostri occhi ne hanno cambiato il senso e il volto, che ci hanno aperto nuove strade, preparavamo da molto tempo la scoperta; ma non lo sapevamo, così che esse non risalgono per noi oltre il giorno, il minuto in cui ci sono divenute visibili. I fiori che allora scherzavano sull’erba, l’acqua che scorreva al sole, tutto il paesaggio che contornò la loro apparizione, continua ad accompagnarne il ricordo con il suo volto incosciente o distratto; e, certo, quando erano lungamente contemplati da quell’umile passante, da quel fanciullo sognante – come un re da un memorialista confuso tra la folla -, mai quell’angolo di natura, quel lembo di giardino avrebbero pensato che proprio grazie a lui sarebbero stati chiamati a sopravvivere nelle loro particolarità più effimere; eppure, quel profumo di biancospino che imperversa lungo la siepe dove presto lo sostituiranno le rose di macchia, un rumore di passi senza eco sulla ghiaia d’un viale, la bolla che l’acqua del fiume ha formato contro una pianta acquatica e che subito scoppia, la mia esaltazione li ha presi su di sé ed è riuscita a trasportarli attraverso il succedersi di tanti anni, mentre tutt’intorno le strade sono state cancellate e sono morti quelli che le percorsero e anche il loro ricordo è morto. A volte quella porzione di paesaggio trasportata così fino all’oggi è talmente staccata, talmente isolata da tutto, che fluttua incerta nel mio pensiero, simile a una Delo fiorita, senza ch’io sappia dire da che paese, da che tempo viene – forse, semplicemente, da quale sogno.

Marcel Proust, Alla ricerca del tempo perduto, Dalla parte di Swann

Parte prima: Combray

pp. 223-224

traduzione di Giovanni Raboni

Aussi le côté de Méséglise et le côté de Guermantes restent-ils pour moi liés à bien des petits événements de celle de toutes les diverses vies que nous menons parallèlement, qui est la plus pleine de péripéties, la plus riche en épisodes, je veux dire la vie intellectuelle. Sans doute elle progresse en nous insensiblement et les vérités qui en ont changé pour nous le sens et l’aspect, qui nous ont ouvert de nouveaux chemins, nous en préparions depuis longtemps la découverte ; mais c’était sans le savoir ; et elles ne datent pour nous que du jour, de la minute où elles nous sont devenues visibles. Les fleurs qui jouaient alors sur l’herbe, l’eau qui passait au soleil, tout le paysage qui environna leur apparition continue à accompagner leur souvenir de son visage inconscient ou distrait ; et certes quand ils étaient longuement contemplés par cet humble passant, par cet enfant qui rêvait – comme l’est un roi, par un mémorialiste perdu dans la foule –, ce coin de nature, ce bout de jardin n’eussent pu penser que ce serait grâce à lui qu’ils seraient appelés à survivre en leurs particularités les plus éphémères ; et pourtant ce parfum d’aubépine qui butine le long de la haie où les églantiers le remplaceront bientôt, un bruit de pas sans écho sur le gravier d’une allée, une bulle formée contre une plante aquatique par l’eau de la rivière et qui crève aussitôt, mon exaltation les a portés et a réussi à leur faire traverser tant d’années successives, tandis qu’alentour les chemins se sont effacés et que sont morts ceux qui les foulèrent et le souvenir de ceux qui les foulèrent. Parfois ce morceau de paysage amené ainsi jusqu’à aujourd’hui se détache si isolé de tout, qu’il flotte incertain dans ma pensée comme une Délos fleurie, sans que je puisse dire de quel pays, de quel temps – peut-être tout simplement de quel rêve – il vient.

Marcel Proust, À la Recherche du temps perdu, Du Côté de Chez Swann, Première partie: Combray