Il signor Vinteuil (parte prima)

Era dalla parte di Méséglise, a Montjouvain, una casa situata in riva a un grande stagno e addossata a una scarpata cespugliosa, che viveva il signor Vinteuil. E così, per strada, incrociavamo spesso sua figlia, che guidava un calessino a briglia sciolta. Da un certo anno in poi non la incontrammo più sola, ma in compagnia di un’amica più anziana di lei, che aveva una cattiva reputazione in paese e che un giorno si installò definitivamente a Montjouvain. Si diceva: “Quel povero signor Vinteuil dev’essere proprio accecato dalla tenerezza per non rendersi conto di quel che si racconta e per consentire a sua figlia, lui che si scandalizza di una parola fuori posto, di ospitare sotto il suo tetto una donna simile. Lui dice che è una donna superiore, di gran cuore, e che avrebbe avuto delle doti straordinarie per la musica se le avesse coltivate. Può star certo che non si occupa di musica, quella, con sua figlia”. Sì, il signor Vinteuil lo diceva; e, in effetti, è degno di nota come una persona susciti sempre ammirazione per le sue qualità morali nei parenti di ogni altra persona con la quale intrattenga relazioni carnali. L’amore fisico, così ingiustamente denigrato, spinge ogni creatura a palesare sin nelle minime sfumature tutto ciò che possiede in fatto di bontà, di dedizione di sé, a tal punto da farle saltare agli occhi della più ristretta cerchia di conviventi. Il dottor Percepied, al quale la grossa voce e le grosse sopracciglia consentivano di recitare a suo piacimento un ruolo di perfido per il quale non aveva il fisico, senza compromettere minimamente la sua incrollabile e immeritata reputazione di burbero benefico, sapeva far ridere sino alle lacrime il curato e tutti quanti dicendo con tono rude: “Ebbene! a quanto pare fa della musica con la sua amica, la nostra Mademoiselle Vinteuil. Si direbbe che la cosa vi stupisca. Io non ne so nulla. È Vinteuil padre che me l’ha detto, ancora ieri. In fin dei conti, avrà pure il diritto di amare la musica, quella ragazza. Io non sono dell’idea di contrastare le vocazioni artistiche dei giovani. Vinteuil neppure, a quanto sembra. E poi ci fa anche lui della musica, con l’amica della figlia. Ah, perdinci, ne fanno di musica da quelle parti! Ma si può sapere cosa c’è da ridere? Be’, sì, fa un po’ troppa musica quella gente. L’altro giorno ho incontrato Vinteuil padre vicino al cimitero. Non si reggeva sulle gambe”.

[Marcel Proust, Alla Ricerca del tempo perduto, Dalla parte di Swann, traduzione di Giovanni Raboni, I Meridiani Mondadori ] pp. 179-180

Bernard Soupre, Mlle Vinteuil et son amie

C’est du côté de Méséglise, à Montjouvain, maison située au bord d’une grande mare et adossée à un talus buissonneux que demeurait M. Vinteuil. Aussi croisait-on souvent sur la route sa fille, conduisant un buggy à toute allure. À partir d’une certaine année on ne la rencontra plus seule, mais avec une amie plus âgée, qui avait mauvaise réputation dans le pays et qui un jour s’installa définitivement à Montjouvain. On disait : « Faut-il que ce pauvre M. Vinteuil soit aveuglé par la tendresse pour ne pas s’apercevoir de ce qu’on raconte, et permettre à sa fille, lui qui se scandalise d’une parole déplacée, de faire vivre sous son toit une femme pareille. Il dit que c’est une femme supérieure, un grand cœur et qu’elle aurait eu des dispositions extraordinaires pour la musique si elle les avait cultivées. Il peut être sûr que ce n’est pas de musique qu’elle s’occupe avec sa fille. » M. Vinteuil le disait ; et il est en effet remarquable combien une personne excite toujours d’admiration pour ses qualités morales chez les parents de toute autre personne avec qui elle a des relations charnelles. L’amour physique, si injustement décrié, force tellement tout être à manifester jusqu’aux moindres parcelles qu’il possède de bonté, d’abandon de soi, qu’elles resplendissent jusqu’aux yeux de l’entourage immédiat. Le docteur Percepied à qui sa grosse voix et ses gros sourcils permettaient de tenir tant qu’il voulait le rôle de perfide dont il n’avait pas le physique, sans compromettre en rien sa réputation inébranlable et imméritée de bourru bienfaisant, savait faire rire aux larmes le curé et tout le monde en disant d’un ton rude : « Hé bien ! il paraît qu’elle fait de la musique avec son amie, Melle Vinteuil. Ça a l’air de vous étonner. Moi je sais pas. C’est le père Vinteuil qui m’a encore dit ça hier. Après tout, elle a bien le droit d’aimer la musique, c’te fille. Moi je ne puis pas contrarier les vocations artistiques des enfants. Vinteuil non plus à ce qu’il paraît. Et puis lui aussi il fait de la musique avec l’amie de sa fille. Ah ! sapristi, on en fait une musique dans c’te boîte-là. Mais qu’est-ce que vous avez à rire ? mais ils font trop de musique ces gens. L’autre jour j’ai rencontré le père Vinteuil près du cimetière. Il ne tenait pas sur ses jambes. »